Panneaux solaires : vers un bridage pour stabiliser le réseau électrique ?

Un réseau sous pression face à l’essor du solaire

Le développement du photovoltaïque impose des défis techniques majeurs. Actuellement, chaque projet doit être raccordé en tenant compte de sa production maximale potentielle, ce qui entraîne parfois des travaux coûteux et disproportionnés pour gérer des pics ponctuels. Face à cette problématique, des chercheurs de Mines Paris – PSL, avec le soutien de l’État via le programme France 2030 et l’ADEME, ont étudié une alternative : les Offres de Raccordement Alternatives avec Modulation de Puissance (ORA-MP).

Une flexibilité accrue pour éviter des coûts excessifs

L’ORA-MP repose sur un principe simple : permettre un raccordement plus rapide et moins onéreux en échange d’une modulation temporaire de la puissance injectée en cas de saturation du réseau. Contrairement à la méthode actuelle, où le réseau doit être dimensionné pour absorber toute la puissance d’un producteur solaire à tout moment, cette nouvelle approche offrirait une plus grande flexibilité.

Les avantages sont multiples :

• Réduction des coûts d’infrastructure : les investissements en câblage et en renforcement du réseau, estimés entre 60 et 200 €/m en milieu rural et jusqu’à 1 000 €/m en zone urbaine, pourraient être limités.
• Meilleure gestion des flux énergétiques : en évitant les surtensions et congestions locales, l’ORA-MP favoriserait une intégration optimale des énergies renouvelables.

Un impact mesuré pour les producteurs et les consommateurs

Pour les producteurs photovoltaïques, cette flexibilité implique certaines concessions :

• 70 % de la puissance maximale garantie en permanence.
• Possibilité de réduction temporaire de l’injection en cas de saturation du réseau.
• Un plafond de 5 % de la production annuelle non injectée, limitant ainsi les pertes financières.

Pour les consommateurs, l’effet est plus indirect mais tout aussi stratégique. Une gestion optimisée du réseau permettrait de limiter les hausses de tarifs d’électricité liées aux investissements dans le transport de l’énergie (taxe TURPE). De plus, la stabilité du réseau éviterait des problèmes de tension pouvant impacter les appareils électroniques des foyers et des industries.

Une alternative aux tarifs de rachat de l’électricité ?

Alors que la France ambitionne d’atteindre 100 GW de puissance solaire installée d’ici 2050, l’ORA-MP pourrait constituer un levier essentiel pour accélérer cette transition. Ce modèle pourrait même devenir une alternative aux tarifs de rachat S21, qui ne tiennent pas compte des contraintes locales du réseau.

En permettant un déploiement plus fluide du photovoltaïque sans alourdir la facture des consommateurs, le bridage intelligent des panneaux solaires pourrait bien s’imposer comme un compromis gagnant entre rentabilité, stabilité et transition énergétique.