Les métiers d’avenir : où seront les emplois de demain avec la transition écologique ?

Une transition écologique génératrice d’emplois

Contrairement aux idées reçues, la transition énergétique devrait entraîner une hausse globale du nombre d’emplois en France. D’après le Shift Project, la transition pourrait créer 1,1 million de nouveaux postes, malgré la suppression de 800 000 emplois dans les secteurs liés aux énergies fossiles et aux industries polluantes. De son côté, l’Ademe (Agence de la transition écologique) estime que, selon le scénario adopté, entre 180 000 et 700 000 emplois nets pourraient être créés d’ici 2050.

Toutefois, cette transformation ne sera pas homogène : si certains domaines explosent, d’autres devront s’adapter, au risque de disparaître.

Les énergies renouvelables : un secteur en plein essor

L’énergie verte sera l’un des piliers du marché du travail en 2050. Selon Comprendre 2050, les recrutements dans l’éolien terrestre devraient doubler, tandis que ceux dans le photovoltaïque seront multipliés par 3,5. L’éolien offshore connaît une progression encore plus spectaculaire, avec une multiplication par dix des emplois d’ici 2050.

Le nucléaire, en revanche, voit son avenir incertain. La part de cette énergie dans le mix électrique influencera fortement l’évolution de ses effectifs. Le Shift Project prévoit une diminution de 17 % des postes dans cette filière, soit 25 400 emplois en moins.

Quant aux énergies fossiles, la décroissance est inévitable : les emplois liés aux centrales thermiques et aux industries pétrolières chuteront drastiquement, avec une baisse estimée de 94 % dans la production d’électricité fossile.

Bâtiment et rénovation énergétique : un défi à relever

Le secteur du BTP subira une mutation importante. Moins de construction neuve, mais plus de rénovation énergétique : voilà la tendance.

Le Shift Project prévoit 100 000 nouveaux emplois dans la rénovation thermique des bâtiments, mais une disparition de 190 000 postes dans la construction neuve, soit une perte nette de 90 000 emplois.

L’Ademe, plus optimiste, table sur 200 000 créations d’emplois grâce à la rénovation des logements pour atteindre les normes BBC (bâtiment basse consommation). Reste à savoir si le secteur pourra attirer et former suffisamment de professionnels pour répondre à cette demande croissante.

Automobile : des pertes compensées par le vélo et les mobilités douces

L’industrie automobile sera durement touchée par la transition énergétique, notamment avec la fin des moteurs thermiques en 2035. Le Shift Project prévoit 373 000 suppressions de postes d’ici 2050.

Pourquoi ?

• La fabrication des véhicules électriques demande moins de main-d’œuvre que celle des modèles thermiques.
• La mobilité douce (vélo, transports en commun) va réduire la demande en voitures individuelles.

En contrepartie, le secteur du vélo se développe fortement. Selon le Shift Project, 232 000 emplois seront créés dans la fabrication, la vente et la réparation de cycles et de micro-mobilités électriques.

Côté transports collectifs, le ferroviaire longue distance compensera partiellement les pertes dans l’aérien : +37 000 emplois dans le train contre -38 000 dans l’aviation.

Agriculture : une mutation incertaine

Le secteur agricole connaît des projections plus floues. L’Ademe prévoit une poursuite du déclin des emplois agricoles dans certains scénarios (-100 000 postes d’ici 2050), tandis que d’autres scénarios envisagent une stabilisation, voire une légère hausse avec le développement de l’agroécologie.

Le Shift Project avait initialement prévu 500 000 créations d’emplois en agriculture, mais a revu ses estimations à la baisse. Aujourd’hui, il estime que la transition vers une agriculture plus durable permettrait au moins d’enrayer la chute actuelle des emplois agricoles.

Anticiper ces mutations : la clé de la réussite

Face à ces bouleversements, l’anticipation et la formation seront essentielles pour accompagner les transitions professionnelles.

• Planifier la transition : Une vision claire et cohérente est nécessaire pour éviter les pénuries de compétences dans certains secteurs.
• Former les travailleurs : La rénovation énergétique demandera des formations spécifiques, tout comme la mobilité électrique ou l’agriculture durable.
• Rendre certains métiers plus attractifs : Des améliorations en termes de salaires, de conditions de travail et de reconnaissance sociale seront indispensables pour attirer les talents vers ces nouveaux métiers d’avenir.

La transition écologique est une opportunité pour l’emploi, à condition d’anticiper les mutations et d’accompagner les reconversions professionnelles. Si les défis sont nombreux, les perspectives restent optimistes : avec les bonnes stratégies, la transition vers une économie bas-carbone pourrait être synonyme de croissance et d’innovation.