Agrivoltaïsme en France : agriculture et énergie solaire

Les prémices d’une transformation agricole

À Castandet, une commune nichée dans les pentes douces des Hautes Landes, Jean-Marc Gourdon, agriculteur conventionnel, observe un tournant dans sa pratique. Traditionnellement, cette région était dominée par la culture du maïs grâce à des sols riches en eau. « Le maïs représentait 67 % de nos cultures, avec des rendements assurés par les engrais et les produits phytosanitaires », raconte-t-il.

Mais cette époque appartient désormais au passé. Sous l’effet des nouvelles réglementations environnementales, notamment l’interdiction progressive des pesticides sur la décennie à venir, l’agriculture locale est contrainte de se réinventer.

Les panneaux solaires, une réponse aux défis agricoles

C’est dans ce contexte que l’agrivoltaïsme apparaît comme une solution d’avenir. En installant des panneaux photovoltaïques au-dessus des champs, les agriculteurs peuvent à la fois produire de l’électricité renouvelable et protéger certaines cultures des aléas climatiques, comme la chaleur excessive ou les pluies torrentielles.

Cependant, la mise en œuvre de ces projets reste délicate. « L’intégration des panneaux dans les cultures exige une réflexion approfondie. Il ne s’agit pas de recouvrir les champs, mais de créer une symbiose entre production agricole et énergétique », souligne un expert du secteur.

Un cadre réglementaire en cours de définition

En France, plusieurs dizaines de projets agrivoltaïques sont actuellement en développement, mais le cadre réglementaire reste flou. Le gouvernement affine progressivement les règles pour s’assurer que ces installations respectent les besoins des terres agricoles tout en contribuant à la transition énergétique.

Les agriculteurs, de leur côté, s’interrogent sur la rentabilité et la compatibilité de cette technologie avec leurs pratiques. Certains craignent une artificialisation des terres, tandis que d’autres y voient une opportunité pour diversifier leurs revenus face aux incertitudes climatiques et économiques.

Un paysage en mutation

À Castandet, Jean-Marc Gourdon envisage avec prudence ces changements. Si le maïs cède peu à peu sa place, de nouvelles cultures et une production énergétique durable pourraient redessiner le paysage local. « C’est tout un modèle économique et culturel qu’il faut repenser », conclut-il.

Avec l’agrivoltaïsme, la France se positionne à l’avant-garde d’une transition où agriculture et écologie s’entrelacent. Reste à transformer cette promesse en réussite durable, bénéfique pour les exploitants, les écosystèmes et les territoires.