Énergies renouvelables : domination mondiale d’ici 2030

Une croissance exponentielle des capacités renouvelables

Entre 2024 et 2030, le monde ajoutera plus de 5 500 gigawatts (GW) de nouvelles capacités d’énergie renouvelable, soit trois fois plus qu’entre 2017 et 2023. Cette augmentation massive est équivalente à la capacité de production électrique combinée des quatre plus grandes économies mondiales : les États-Unis, l’Union européenne, la Chine et l’Inde.

Le solaire sera le moteur principal de cette transformation, avec une part qui devrait tripler d’ici 2030, pour atteindre 35 % de la production totale d’énergies vertes. L’éolien, quant à lui, doublera pour représenter 29 %, tandis que l’hydroélectricité progressera à un rythme plus modéré mais significatif, pour atteindre également 29 %. Le photovoltaïque dominera largement grâce à ses avantages : moins coûteux, plus facile à installer, et mieux adapté à une variété de configurations, qu’il s’agisse de grandes centrales ou de panneaux installés sur les toits.

Des raisons économiques avant tout

Si le développement des énergies renouvelables répond à des impératifs écologiques, c’est avant tout pour des raisons économiques que les gouvernements les privilégient. Selon Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, « les énergies solaire et éolienne sont aujourd’hui les options les moins coûteuses pour construire de nouvelles centrales électriques dans presque tous les pays du monde ». Leur compétitivité par rapport aux énergies fossiles comme le gaz et le charbon est un levier essentiel pour convaincre même les économies les plus réticentes.

La Chine et l’Inde, fers de lance de la transition

Côté géopolitique, la Chine, déjà championne des énergies renouvelables, continuera à dominer le marché mondial. Elle devrait représenter 60 % des nouvelles capacités installées d’ici 2030, avec une montée en puissance continue de ses infrastructures à base de charbon, de nucléaire, mais surtout de renouvelables. L’Inde, bien que partant de plus loin, affichera la croissance la plus rapide parmi les grandes économies, confirmant ainsi son engagement dans la transition énergétique.

À l’échelle mondiale, environ 70 pays, représentant 80 % de la capacité totale d’énergie renouvelable, sont en passe d’atteindre ou de dépasser leurs objectifs pour 2030. Même si ces ambitions restent légèrement en deçà de l’objectif fixé lors de la COP28, qui vise à tripler les capacités renouvelables d’ici 2030, l’AIE estime que les gouvernements peuvent encore intensifier leurs actions pour atteindre ces cibles.

Un défi : moderniser les réseaux électriques

Cependant, l’essor des énergies vertes pose un défi majeur : la modernisation des réseaux électriques. La part d’électricité produite par des sources renouvelables mais non utilisée, faute de raccordement, est en augmentation dans certains pays, notamment en Chine, où elle atteint parfois 10 %. L’AIE appelle les gouvernements à investir massivement dans l’extension et la modernisation des infrastructures électriques, ainsi qu’à développer la capacité de stockage de l’énergie, qui devra atteindre 1 500 GW d’ici 2030 pour accompagner cette croissance.

Les carburants renouvelables, encore à la traîne

Si les progrès sont impressionnants pour le solaire et l’éolien, d’autres sources d’énergie renouvelable, comme les biocarburants, le biogaz, ou l’hydrogène, peinent à décoller. L’AIE anticipe une part de seulement 6 % pour ces sources dans le mix énergétique mondial en 2030, en raison de leurs coûts encore plus élevés comparés aux énergies fossiles.